Ca fait… disons, un certain temps que j’habite à Paris dans le 13e arrondissement, et à proximité du quartier Chinois. Pourtant, j’ai beau faire régulièrement des emplettes dans les Tang Frères et assimilés, j’ai encore rarement l’occasion de consommer des produits véritablement exotiques (dont ces supermarchés regorgent pourtant), soit parce qu’ils ne me donnent pas envie soit surtout parce que… la plupart du temps, je n’ai pas la moindre idée de ce qu’ils sont, à quoi ils servent, ni comment on les cuisine.
Parti hier acheter des produits classiques (nems, sauces nuoc-mam et autres), je me suis retrouvé à un moment au milieu du magasin à constater qu’en fait, j’achetais toujours les mêmes trucs, et qu’à part ce que j’avais acheté les seuls trucs que je me verrais éventuellement acheter en plus, ce seraient des produits qu’on peut trouver dans des supermarchés traditionnels français… je me suis donc décidé à prendre un truc au pif, pour expérimenter. Et tant qu’à faire, comme j’avais faim là tout de suite, mon choix s’est porté sur des petits machins à grignoter, et donc sur l’un des trucs qu’on trouve toujours chez Tang Frères juste à côté des caisses (là où dans les supermarchés français on aurait des chewing-gums et des bonbons) : une boîte de « Sweet Tamarind » (« Tamarin doux ») !
Hmmm... du "Sweet Tamarind"... Ca doit être bon, non ?
J’ai découvert ensuite que le tamarin était un fruit originaire de l’Inde, en fait, et pas de Chine, mais peu importe.
Une fois de retour à la maison, j’ai ouvert le paquet et mangé mon premier tamarin et là… je me suis dit que je ne le mangeais probablement pas comme il fallait, parce que c’était vraiment bizarre. Et effectivement, à l’instar de la première fois où j’ai goûté des œufs de caille (avec la coquille) et de celle où j’ai mangé mon premier edamame (avec la gousse), il y a un truc à savoir que j’ignorais.
Comme je n’ai pas trouvé de page en français qui l’illustre clairement, je me dit aujourd’hui qu’un petit article explicatif pourrait potentiellement être utile à d’autres neuneus dans mon genre qui fourrent bêtement les trucs supposés comestibles dans leur bouche sans se poser de question sur la façon dont ces trucs sont censés se consommer.
Comment le tamarin « frais » se mange-t-il, donc ?
Exposé en cinq photos :
Le tamarin entier, avec sa cosse : étonnamment, non, on ne le mange pas comme ça
1. Vous aurez compris, je pense, à la lecture de ce qui a précédé, que la méthode appropriée pour manger du tamarin n’est PAS de le croquer tel qu’il se présente (même si en fait, pour l’avoir fait -et avoir mangé ce premier tamarin comme ça en entier-, c’est bizarre mais pas immangeable du tout).
2. Il faut en fait briser la cosse semi-rigide du tamarin (ça peut se faire à la main sans outil particulier, la cosse se brise sur une légère pression des doigts et est assez friable une fois entamée).
Une cosse en partie détruite, qui révèle la pulpe en-dessous
3. Une fois la cosse entièrement retirée, voici ce qu’on découvre :
La pulpe, avec sa membrane filandreuse extérieure
Boulotter directement le tamarin à cette étape n’est toujours pas une bonne idée, parce qu’il y a une sorte d’exosquelette en fibre qui parcourt la pulpe, que vos dents ne parviendront pas à déchiqueter.
4. Il faut donc tirer sur cette structure filaire pour la détacher de la pulpe et ainsi libérer cette dernière, pour pouvoir enfin la manger ! Évidemment, à ce stade-là, on a plutôt l’impression d’avoir un caca dans son assiette, mais bon…
La pulpe, entièrement séparée de la structure filaire. Oui, ça ressemble à un caca.
5. Attention ! Dans la pulpe vous attend encore un dernier piège : des graines assez jolies, mais aussi dures que des cailloux.
Il y a plusieurs noyaux trèèès durs, à l'intérieur du fruit
Une note finale : même si la pulpe du tamarin est assez bonne dans l’absolu, tout ça ne fait pas vraiment du tamarin le genre de snack idéal pour grignoter en faisant autre chose (il faut double-éplucher, d’abord la cosse, puis les fils ; il faut recracher les graines et tous ces déchets doivent être stockés quelque part; enfin, la pulpe elle-même est assez collante, donc on a nécessairement les doigts gluants… pas top), mais bon…