Conséquence réchauffement climatique Arctique

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C’est ce que montre un rapport du Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique paru jeudi 20 mai. Ce réchauffement a déjà des conséquences immédiates sur les écosystèmes.

Conséquence réchauffement climatique Arctique

L’ensemble de la planète doit faire face, depuis plusieurs années, au réchauffement climatique, mais l’Arctique, lui, se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la Terre, une poussée du thermomètre plus rapide que ce qu’on croyait, a prévenu un rapport actualisé du Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (PSEA ou AMAP, pour Arctic Monitoring and Assessment Programme, en anglais), paru jeudi 20 mai. La banquise, emblématique de la région, apparaît comme une victime annoncée.

Chaque fraction de degré compte : les chances pour qu’elle disparaisse totalement l’été – avant de se reformer en hiver – sont dix fois plus élevées si la température sur Terre augmente de 2 °C, plutôt que des 1,5 °C énoncés dans l’accord de Paris sur le climat. Ce rapport actualisé du PSEA a été rendu public à l’occasion d’une réunion ministérielle du Conseil de l’Arctique, qui rassemble cette semaine à Reykjavik les pays riverains de la région.

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Lors de ce conseil, auquel la Russie, le Canada, l’Islande, le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède ont également assisté, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a déclaré s’engager « à promouvoir une région arctique pacifique, où la coopération l’emporte en matière de climat, d’environnement, de science et de sécurité ». « La compétition stratégique qui caractérise l’Arctique attire l’attention du monde », mais « sa marque de fabrique doit demeurer la coopération pacifique », a-t-il ajouté, dans une mise en garde à peine voilée à la Chine notamment, qui ne cache pas son intérêt pour ce vaste territoire, riche en ressources naturelles et dont l’exploitation est facilitée par le recul des glaces et le développement du transport maritime.

Plus 1 °C sur Terre, mais plus 3,1 °C en Arctique

« L’Arctique est véritablement un point chaud du réchauffement climatique », a résumé Jason Box, glaciologue au Service géologique du Danemark et du Groenland. En moins d’un demi-siècle, de 1971 à 2019, la température moyenne annuelle y a grimpé de 3,1 °C quand la planète se réchauffait au même moment de 1 °C. Dans son précédent rapport actualisé paru en 2019, le PSEA relevait déjà que le réchauffement dans l’Arctique atteignait « plus du double de la moyenne mondiale ».

Un phénomène qui n’est pas prêt de se terminer, puisque, selon les projections citées par le rapport, les températures moyennes de l’Arctique devraient d’ici à la fin du siècle grimper entre 3,3 °C et 10 °C au-delà de leur moyenne sur la période 1985-2014, le chiffre exact dépendant du volume des futures émissions de gaz à effet de serre.

Mais ce réchauffement a déjà des conséquences immédiates sur les écosystèmes : modification de l’habitat, des habitudes alimentaires et des interactions de la faune, migration de certaines espèces, etc. Au-delà, les effets sont également dramatiques pour les 4 millions de personnes qui vivent sous ces latitudes, particulièrement les populations indigènes.

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« Les chasseurs dans le nord-ouest du Groenland disent que la période durant laquelle il est possible de se déplacer avec des traîneaux à chien est tombée de cinq à trois mois », insiste Sarah Trainor, directrice du Centre d’évaluation et de politique du climat de l’Alaska. « Des chasseurs et des pêcheurs au Canada et en Russie font état de phoques plus maigres, d’une faune sauvage moins saine et de davantage de vers dans les poissons et les mammifères marins », ajoute-t-elle.

Opportunités économiques et militaires

Dans le sillage du réchauffement climatique, la pluie remplace la neige, contribuant notamment à la formation de couches de glace, qui empêchent notamment les cervidés de se nourrir du lichen. La fonte de centaines de milliards de tonnes de glace chaque année au Groenland se traduit, par ailleurs, par une élévation du niveau des mers qui met en péril des populations à des milliers de kilomètres de là.

D’un point de vue économique, le recul de la banquise ouvre des opportunités, au grand dam des défenseurs de l’environnement. « Cependant, rappelle Sarah Trainor, le potentiel d’expansion de ces industries est bridé par les efforts visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre et à atteindre les objectifs fixés dans le cadre de l’accord de Paris. »

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La Russie a également largement développé son dispositif militaire dans l’Arctique ces dernières années, y rouvrant et modernisant plusieurs bases et aérodromes abandonnés depuis la fin de l’époque soviétique. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dont le pays prend jeudi le relais de l’Islande à la présidence tournante de l’instance régionale, a de nouveau prôné la relance de rencontres régulières entre les chefs d’état-major de la zone afin d’« étendre nos relations positives à la sphère militaire ». Ces rencontres sont suspendues depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par Moscou.

Déclaration commune et « plan stratégique »

Mais l’ensemble des ministres présents ont surtout insisté sur l’importance de la lutte contre le réchauffement climatique. « La crise climatique est notre plus grande menace de long terme, avec l’Arctique confronté à un réchauffement trois fois plus rapide que sur l’ensemble de la planète », a résumé le ministre des affaires étrangères canadien, Marc Garneau.

Lors de la précédente réunion, en 2019 en Finlande, le climato-scepticisme de l’administration Trump avait pour la première fois empêché une déclaration commune du Conseil, les Etats-Unis refusant d’y voir figurer le changement climatique. Cette fois, la déclaration commune a été adoptée sans accroc, ainsi que, pour la première fois, un « plan stratégique » pour les dix prochaines années.

Le Monde avec AFP

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