Les fondements naturels de l'économie sud coréenne

Données générales Corée du Sud

Superficie : 99 720 km² 

Population : 51,7 millions d'habitants

Régime politique : Démocratie parlementaire 

Président de la République : M. YOON Suk-yeol

Premier ministre : M.  HAN Duck-soo

Vice-PM en charge de l'Economie et des Finances : M. CHOO Kyung-ho

PIB : 1 798 Mds USD (2021)   

PIB / habitant : 34 743 USD (2021) 

Données conjoncturelles Corée du Sud

Monnaie : won sud-coréen (KRW)  

Croissance du PIB : 4,0 % (2021)

Variation de l'indice des prix à la consommation (inflation) : 2,5 % (2021)

Dette publique : 47,3 % du PIB (2021) 

Déficit public : - 4,4 % du PIB (2021)

Excédent du compte courant : 4,9% du PIB (2021)

Exportations : 644 Mds USD (2021)

Importations : 615 Md USD (2021)

Taux de chômage : 3,7 % (moyenne 2021)

Présentation générale de l'économie coréenne en 2022

 Membre des Pays les moins avancés (PMA) en 1960, la Corée fait partie, depuis 2018, des pays peuplés de plus de 50 M d’habitants et ayant un PIB par habitant supérieur à 30 000 USD en dollars courants – à côté des Etats-Unis, du Japon, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de l’Italie et de la France. Membre de l’OCDE et du G20, la Corée était en 2021 la 10ème économie mondiale et le 6ème exportateur mondial (644 Md$). Si l'économie coréenne n'est pas sortie indemne de la crise économique et sanitaire liée au covid-19, elle a néanmoins relativement bien résisté grâce à des mesures efficaces. Ainsi, le PIB ne s'est contracté que de 0,9 % en 2020 et a rebondi de 4,0 % en 2021. Cependant, les caractéristiques structurelles de l’économie coréenne rendent peu probable une résurgence de la croissance potentielle coréenne à long terme.

Une puissance industrielle de rayonnement mondial

La Corée tient sa force économique de son industrie, qui représente encore en 2020 25 % du PIB selon la Banque Mondiale, soit l’une des parts la plus importante parmi les pays développés (contre 20 % pour le Japon ou 18 % pour l’Allemagne par exemple). L’appareil industriel, structuré autour de grands conglomérats (chaebols), a opéré une remontée de filières accélérée au cours des dernières décennies. D’abord pays atelier, la Corée s’est ensuite tournée vers l’industrie lourde, comme en témoigne l’importance, toujours aujourd’hui, de son industrie navale, de la construction ou du secteur automobile. L’industrie électronique, incarnée par des entreprises d’ampleur mondiale comme LG et Samsung, a par la suite pris le relais comme principal moteur de croissance de l’économie coréenne.

 D’abord spécialisée sur les biens de consommation (écrans, puis smartphones), l’industrie électronique coréenne, au fur et à mesure des délocalisations des chaines de production des grands groupes, s’est spécialisée sur des biens intermédiaires à haute valeur ajoutée, utilisés dans l’ensemble des chaines de production mondiales : la Corée a en particulier enregistré en 2021 128 Md$ d’exportations dans les semi-conducteurs (circuits intégrés, dans le cas coréen essentiellement les puces et cartes mémoires, sur lesquelles la Corée est, assez largement, leader mondial). Ce dynamisme est soutenu par un effort de R&D très important, qui fait de la Corée le deuxième pays le plus dépensier au monde en proportion du PIB en 2021 (4,6 %). Samsung était également, l’entreprise la plus dépensière en R&D au monde en valeur absolue (près de 20 Md$ en 2021).

Forte de cette puissance industrielle, la Corée du Sud a connu une croissance moyenne de plus de 3 % au cours des années 2010. Malgré la pandémie, l’économie coréenne ne s’est contractée que de 1 % en 2020 avant de rebondir de 4,0 % en 2021. Grâce à ce dynamisme économique, les fondamentaux de la Corée sont aujourd’hui très solides, avec un chômage structurellement faible, un excédent commercial très marqué (excédent de la balance des paiements courants de 4,9 % du PIB en 2021), et un endettement public contenu (47,3 % en 2021 pour le gouvernement central).

La Corée du Sud siège aujourd’hui au sein des principales organisations internationales. Membre de l’OCDE et du G20, le pays a rejoint le Club de Paris en 2016. La Corée poursuit son ouverture commerciale en multipliant les accords de libre-échange (ALE), qui pourraient à terme couvrir presque 90 % de ses échanges. La Corée est ainsi le 1er pays à avoir conclu un ALE avec les 3 principales puissances économiques mondiales, UE, USA et Chine. C’est aussi le 1er partenaire commercial d’envergure avec qui la Chine a signé un accord de libre-échange en 2015. L’accord de libre-échange entre la Corée et l’UE, en vigueur depuis 2011, a permis d’éliminer plus de 99 % des droits de douane et a bénéficié au commerce bilatéral entre la France et la Corée.                                                                                                            

En 2022, la croissance se maintient en Corée en dépit des perturbations

Malgré les tensions géopolitiques, la croissance coréenne résiste au premier trimestre, à 0,7 % par rapport au trimestre précédent et à 3,1 % sur un an, selon des données préliminaires de la Banque de Corée. Cela marque un ralentissement par rapport au 1,2 % du dernier trimestre de 2021, mais demeure légèrement supérieur au 0,6 % attendu par le gouvernement. Les exportations de biens et services, unique poste en croissance, maintiennent leur dynamique haussière, progressant de 5,0 % sur le trimestre et de 9,0 % en un an. A l’inverse, la consommation finale est en baisse de 0,4 %, avec des dépenses publiques stables, à 0,0 %, et une consommation des ménages se contractant de 0,4 %, en raison d’une baisse des achats de biens semi-durables et de services. Les dépenses d’investissement sont également en baisse de 1,8 %, plombées par une contraction de 4,0 % des achats d’équipements, après que ceux-ci ont fortement crû en 2020 et 2021. La construction est également en baisse de 2,4 % tandis que les investissements en propriété intellectuelle maintiennent leur forte hausse, à 2,1 %. Enfin, les importations de biens et services poursuivent leur progression, quoique qu’à un rythme plus modeste, à +0,7 % sur le trimestre.

A 2,7 % en avril, le taux de chômage coréen atteint son niveau le plus faible depuis que cette statistique est publiée, soit depuis 1999. Le taux d’emploi des 15 à 64 ans atteint 68,4 %, un niveau record également. A contrario, le chômage des jeunes (15-29 ans) repart légèrement à la hausse, +0,2 pp en avril à 7,4 %, alors que les emplois nouvellement créés sont principalement occupés par des individus de plus de 60 ans.

En dépit des résultats satisfaisants du premier trimestre, les dernières prévisions de croissance annuelle sont en baisse de 0,2 à 0,5 point de pourcentage, pour s’établir à 2,5 % pour le FMI, 2,7 % pour la BoK et 2,8 % pour le Korea Development Institute. Pour 2022, la BoK prévoit une croissance portée principalement par la consommation des ménages (+3,7 %) qui devrait poursuivre sa dynamique de rattrapage après la forte contraction de 2020 et semble peu affectée par la hausse de l’inflation notamment grâce à l’importante épargne accumulée durant la crise. Les exportations de biens devraient continuer de croître, quoique à un rythme plus faible, à 3,3 % contre 10 % en 2021. A l’inverse, les perturbations des chaînes d’approvisionnement entrainent une contraction des dépenses d’investissement : la BoK prévoit une baisse des achats d’équipements de 1,5 % (contre une hausse de 2,2 % dans ses prévisions publiées en février) mais aussi de la construction de 0,5 % (contre une hausse initialement prévue de 2,4 %). Dans les deux cas, elle prévoit une forte contraction au 1er semestre, avant un rattrapage partiel durant la deuxième partie de l’année.

L’inflation est en forte hausse depuis le début de l’année, atteignant 4,8 % en avril 2022, au plus haut depuis 2008, bien que restant à un niveau modéré en comparaison internationale . Sur l’ensemble de l’année, le KDI et le FMI prévoit une inflation de 4,2 % et la BoK de 4,5 %, ce qui constituerait la hausse la plus forte depuis 2008. La hausse du coût des matières premières concerne principalement les carburants dont les prix augmentent de 34 % en avril, mais a également entrainé une hausse de l’ensemble des prix. L’inflation est d’autant plus forte que la valeur du won vis-à-vis du dollar est au plus bas depuis 2009 avec pour conséquence un renchérissement d’autant plus important du prix en won des importations de la Corée. Alors qu’en avril le prix des importations coréennes en dollar progresse de 23 % en g.a, cette hausse atteint 35 % en won. Cette hausse du prix des importations se traduit également par un déficit historique de la balance des biens à 6 Md$ durant les 4 premiers mois de 2022, contre un excédent de 10 Md$ un an auparavant.

Si la croissance du premier trimestre est en phase avec le rythme nécessaire pour atteindre les 2,7 % de croissance annuelle, l’impact de la guerre en Ukraine et des confinements qui touchent plusieurs villes chinoises pourrait peser plus fortement qu’attendu sur la croissance le reste de l’année. S’il est jusqu’à présent difficile d’évaluer l’impact de ces confinements en Corée, on peut observer que les exportations coréennes vers la Chine sont en baisse de 17 % en avril par rapport à mars et de 3 % par rapport à l’année précédente. Les importations baissent de 2 % par rapport à mars et ne croissent que de 7 % par rapport à l’année précédente (contre une hausse de 15 % les deux mois précédents). De même, les exportations à destination d’Hong Kong sont également en baisse de 19 % sur un mois.

Pour faire face à la hausse des prix la Banque de Corée se montre particulièrement active dans sa politique de resserrement monétaire. Cette dernière a procédé à 5 hausses de son taux de base depuis août 2021, la dernière datant du 26 mai 2022, pour atteindre 1,75 %, soit un niveau qui n’avait pas été atteint depuis novembre 2018. Alors qu’à la fin de l’année 2021 les observateurs tablaient sur 3 augmentations pour l’ensemble de l’année 2022, ce chiffre a été atteint dès le mois de mai, traduisant ainsi une réelle accélération de cette politique. A cet égard, le nouveau gouverneur de la Banque de Corée a indiqué être beaucoup plus préoccupé par l’inflation que par le ralentissement de la croissance. Cette hausse du taux vise également à contenir l’endettement des ménages. Sur ce front, les mesures prises par la Banque centrale commencent à avoir un effet : l’encours de la dette des ménages coréens a baissé pour la première fois depuis 20 ans au premier trimestre 2022. Cette baisse demeure néanmoins modeste, de 0,6 %, pour un encours total de 1 370 Md€, et semble ne pas se poursuivre en avril.

Des défis à moyen et long-terme pour le modèle de croissance coréen

Malgré la remarquable résilience dont a fait preuve l’économie coréenne face à la crise du coronavirus, elle va devoir faire face à plusieurs problèmes qui risquent sinon de peser sur sa croissance à moyen terme.   

 La croissance coréenne est toujours assez dépendante des performances de ses exportations. La dynamique de ces dernières est aujourd’hui fortement exposée à la conjoncture chinoise - la Chine représentant 25 % des exportations coréennes en 2021 - et aux fluctuations du cycle d’investissement sur les semi-conducteurs - 20 % de ses exportations en 2021 - dont l’inversion en 2019 avait entrainé une très forte contraction des prix, et donc de la valeur des exportations coréennes. Pour limiter cette double dépendance, le gouvernement cherche à accompagner son industrie sur de nouveaux marchés à l’export au-delà de la Chine et, du point de vue des filières, à accompagner les autres industries exportatrices traditionnelles tout en développant de nouveaux leviers de croissance.

La Corée qui a connu une croissance moyenne de 3 % dans les années 2010, s’inquiète de voir sa croissance passer à moyen terme sous la barre des 2 %. Il semble néanmoins illusoire pour la Corée, d’espérer maintenir une croissance moyenne bien supérieure. Selon la BoK, la croissance potentielle, liée aux facteurs fondamentaux d’une économie - capital, travail, et productivité globale des facteurs (PGF) - est passée de plus de 5 % début 2000 à 2,0 % en 2020/2021. Pour le FMI, elle sera inférieure à 2 % en 2030, et à 1 % en 2050.

Les gains de productivité de l’économie coréenne plafonnent, avec une productivité globale des facteurs n’atteignant que 60 % de la PGF américaine depuis plusieurs années, alors que l’industrie représente encore 25 % du PIB coréen. Ceci s’explique par la faible productivité des services qui n’atteignent en Corée que 45 % de la productivité de l’industrie quand ils atteignent 90 % en moyenne dans l’OCDE. L’industrie coréenne perd en compétitivité-prix face à la concurrence, en particulier chinoise, dans de nombreux secteurs au cœur de son appareil industriel, comme l’électronique grand public, l’automobile ou l’acier.

Avec la plus faible fécondité de l’OCDE - 0,8 enfant par femme en 2021 -, la démographie aura, en l’absence de réformes structurantes, une contribution négative à la croissance ces prochaines années. La population totale a enregistré pour la première fois un recul en 2020, soit près de 4 années plus tôt que prévu. Cela s’explique notamment par la baisse de la population étrangère dans le pays, en lien avec la relative fermeture des frontières appliquée durant la pandémie. Selon l’institut national coréen des statistiques, la population coréenne, devrait décliner pour atteindre 38 millions d’habitants en 2070. La Corée tente de mener depuis plusieurs années, une politique nataliste incitative, mais n’a pas jusqu’ici réussi à inverser la courbe démographique.

Quels sont les fondements naturels du développement économique de la Corée du Sud ?

LA CONSTRUCTION D'UNE INDUSTRIE SIDÉRURGIQUE COMME FONDEMENT DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE. La création d'une industrie sidérurgique en Corée du Sud illustre l'une des grandes épopées nationales de l'économie de ce pays. C'est aussi l'un des exemples les plus marqués d'intervention de l'État dans l'économie.

Quelles sont les ressources naturelles de la Corée du Sud ?

Ressources naturelles La Corée du Sud produit du charbon, du tungstène, du graphite et du molybdène.

Quel est le système économique de la Corée du Sud ?

Économie de la Corée du Sud.

Quels sont les trois facteurs essentiels de la réussite économique de la République de Corée ?

La favorisent trois facteurs internationaux : la faiblesse du dollar, le bas niveau des prix du pétrole et la pratique de taux d'intérêt bas. Il s'ensuit d'abord une augmentation sensible de la part du secteur manufacturier au sein du PNB (44,7 % en 1990 contre 18,6 en 1960).