Quelles sont les difficultés pour établir un modèle climatique fiable ?

Quelles sont les méthodes d'évaluation et de validation des modèles climatiques ?

Les exigences sur la qualité des simulations climatiques ne cessent de croître. De nombreuses observations, tests théoriques et prévisions rétrospectives permettent de vérifier si les grandes caractéristiques climatiques, ainsi que les mécanismes et processus mis en jeu, sont bien représentés.

L’évaluation de la capacité des modèles à représenter les différentes caractéristiques du climat consiste à confronter les résultats d’une simulation aux différentes observations disponibles. Les méthodes utilisées vont de simples comparaisons de cartes de moyenne et de variabilité (température, pluies…) à des estimations plus sophistiquées de l’accord modèles-données, faisant appel à des méthodes statistiques complexes. Ces méthodes plus avancées permettent de donner une mesure objective, en tenant compte notamment des incertitudes à la fois sur les observations et sur les simulations, en particulier celles liées à un échantillonnage temporel limité.

Quelles sont les difficultés pour établir un modèle climatique fiable ?

Comparaison modèles-données pour les précipitations

Source : A. Voldoire

Précipitations moyennes annuelles observées (à droite) et simulées par l’ensemble des modèles CMIP5 (à gauche) sur la période 1979-1999.

Chaque composante d’un modèle de climat (océan, atmosphère, glace de mer, végétation…) est d’abord validée séparément avant d’être intégrée au système complet. Cette première étape permet de juger des performances intrinsèques de chaque élément. Le système complet, ou couplé, est ensuite évalué sur divers aspects : représentation du climat moyen (répartition des nuages, principaux vents, température…), capacité à reproduire les caractéristiques saisonnières du climat dans chaque région (aptitude à simuler les moussons tropicales, l’englacement de l’Arctique en hiver…), mais aussi capacité à simuler la variabilité interannuelle à décennale observée dans l’océan, l’atmosphère. Pour illustration, les modèles actuels sont ainsi capables de simuler et même de prévoir, jusqu’à 6 mois à l’avance, l’émergence de températures de surface de la mer anormalement chaudes dans le Pacifique, phénomène connu et observé sous le nom d’El Niño. En revanche, les modèles de climat ont en général beaucoup de difficulté à représenter de façon satisfaisante les nuages dans l’atmosphère, et en particulier les nuages bas qui ont une extension verticale faible. Or, il est bien établi maintenant que les incertitudes sur l’évolution du climat au XXIe siècle sont principalement liées à la représentation même des processus nuageux et que l’effort doit être porté, entre autres, sur ce sujet. La communauté française a beaucoup œuvré ces dernières années pour améliorer la représentation des nuages. Par ailleurs, de nouvelles techniques de validation utilisant les données satellites, essentielles aux études climatiques, commencent à être utilisées afin d’échantillonner les caractéristiques des nuages simulés dans un modèle de manière correcte.

Les capacités des modèles à représenter les tendances récentes du climat observé (réchauffement global au XXe siècle de 0.74°C, hausse du niveau des mers de 17 cm) font aussi partie des critères de validation. Les simulations paléo-climatiques sont également appelées à la rescousse pour vérifier que l’on peut avoir confiance dans la capacité des modèles à reproduire les changements de climat importants déduits des enregistrements climatiques (carottes de glace, sédimentaire…) et résultant de forçages externes connus.

Les modèles français (IPSL1 et CNRM2-Cerfacs3) qui ont participé au dernier exercice international de comparaison de simulations de climat actuels, passés et futurs (CMIP54) ont été évalués intensivement par les équipes françaises pendant environ 2 années. Ces modèles ont ensuite été examinés de façon indépendante par des équipes du monde entier qui analysent l’ensemble des simulations CMIP5 disponibles. Chacune de ces études se focalise sur un aspect particulier du système climatique et permet de brosser une évaluation objective et multifacette des modèles.

Glossaire

  • El Niño (ENSO)
    Phénomène climatique ayant lieu à une fréquence de 2 à 7 ans dans l’océan Pacifique tropical qui se traduit par des variations intenses des échanges d’énergie entre océan et atmosphère, modifie la circulation océanique, la température, les vents, les précipitations, ainsi que les échanges de CO2 avec l’atmosphère. ENSO désigne l’oscillation de pression entre Darwin (Australie) et l’Ile de Pâques (Chili) qui induit l’ensemble des déséquilibres climatiques décrits ici. L’événement El Niño décrit l’élévation de température de la mer, généralement en fin d’année, à l’est du Pacifique et le long des côtes de l’Amérique du Sud.
    [D’après : « Le climat à découvert »]
  • Forçage
    Cause interne ou externe à un système provoquant une perturbation d’un état d’équilibre. Par exemple, le forçage radiatif dû à l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, depuis 150 ans, cause une augmentation de la température de l’air à la surface de la Terre.

Centre national de la recherche scientifique

Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

Autres questions du thème

Quels sont les facteurs qui limitent l'amélioration des modèles climatiques ?

Les incertitudes liées aux modèles de prévision climatique sont principalement dues à la modélisation imparfaite des nuages, auxquelles s'ajoutent les incertitudes sur nos futurs modes de vie.

Comment Vérifie

On vérifie d'abord la capacité des modèles à reproduire les processus physiques élémentaires. On évalue ainsi certains processus nuageux par rapport à des observations de terrain issues de campagnes de mesures dans différentes régions du globe ou de sites instrumentés où l'on mesure énormément de variables.

Quels paramètres sont pris en compte pour construire un modèle climatique ?

Pour réaliser des projections réalistes du climat, les modèles de climat doivent décrire les quatre composantes du système climatique : l'atmosphère, océan, biosphère et cryosphère. La complexité d'un modèle est ainsi définie comme le nombre de processus climatiques pris en compte.

Comment les scientifiques Construisent

Mais comment les scientifiques établissent-ils ces prédictions ? Les modèles climatiques s'appuient sur des données connues et fiables, à savoir les données atmosphériques, terrestres et océaniques actuelles faites par différents instituts à travers le monde, mais aussi les données paléoclimatiques.