Quels sont les émissions de gaz à effet de serre en 2022 ?

Dans un contexte sensible de guerre en Ukraine exposant la dépendance des économies aux énergies fossiles, les experts climat de l'ONU (Giec) ont publié lundi leur éventail de scénarios pour limiter le réchauffement et ses impacts déjà dévastateurs. Selon les scientifiques, l'humanité n'a plus que trois ans pour agir pour conserver un monde "vivable". 

Les promesses "creuses" entraînent la planète vers un réchauffement désastreux de 3 °C mais le monde a encore une chance d'éviter le pire, en transformant radicalement l'économie et en faisant plafonner les émissions d'ici moins de trois ans. Et en commençant par se désintoxiquer des énergies fossiles.

Le troisième volet de la trilogie scientifique des experts climat de l'ONU (Giec) publié lundi ne laisse pas de place au doute : sans une réduction "rapide, radicale et le plus souvent immédiate" des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, il ne sera pas possible de limiter le réchauffement à +1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle, ni même à +2 °C.

Mais les États qui s'y sont pourtant engagés en signant l'accord de Paris ne sont pour l'instant pas à la hauteur de l'enjeu, alors qu'un réchauffement de +1,1 °C rend d'ores et déjà "très vulnérable" la moitié de l'humanité, frappée par des canicules, sécheresses, tempêtes et inondations qui se multiplient.

"Certains gouvernements et responsables d'entreprises disent une chose et en font une autre. Pour le dire simplement, ils mentent", a d'ailleurs souligné le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qualifiant "d'accablant" ce nouveau rapport du Giec sur les solutions pour limiter le réchauffement.

Selon le rapport, sans un renforcement des politiques actuelles, le monde se dirige vers un réchauffement de +3,2 °C d'ici la fin du siècle, et même si les engagements pris par les gouvernements pour la conférence climat de l'ONU COP26 l'an dernier étaient tenus, le mercure monterait de +2,8 °C, alors que chaque dixième de degré supplémentaire provoque son lot de nouvelles catastrophes climatiques.

Pour ne pas aller droit vers cet avenir de souffrance, il faudrait que les émissions atteignent leur pic avant 2025, dans seulement trois ans, et diminuent de près de la moitié d'ici 2030 par rapport à 2019, selon le Giec.

Dépendance aux énergies fossiles

"Nous sommes à un tournant. Nos décisions aujourd'hui peuvent assurer un avenir vivable", insiste le patron du Giec, Hoesung Lee, assurant que ce nouveau rapport donne les "outils" pour le faire.

Ainsi, pour respecter +1,5 °C, l'usage sans capture de carbone (technologie non mature à grande échelle) du charbon devrait être totalement stoppé et ceux du pétrole et du gaz réduits de 60 % et 70 %, respectivement, d'ici 2050 par rapport aux niveaux de 2019.

La "quasi-totalité de la production mondiale d'électricité devant provenir de sources zéro ou bas carbone", insiste le Giec.

>> À voir : "Transition énergétique en Afrique : la décarbonation, un défi économique majeur"

Un scénario qui prend une lumière particulière avec la guerre en Ukraine, qui a exposé la dépendance des économies aux énergies fossiles, dénoncée de longue date par les défenseurs du climat.

"Cela me brise le cœur, en tant que militante climat ukrainienne, de vivre une guerre qui porte en son cœur l'argent des fossiles", a commenté Olha Boiko, membre du Climate Action Network. "L'argent que nous avons supplié de ne pas investir dans l'énergie sale vole désormais au-dessus de nos têtes sous forme de bombes."

Au-delà de l'énergie, qui représente environ un tiers des émissions, tous les secteurs (transports, industrie, agriculture, bâtiments...) doivent également entamer leur mue rapide, de la réduction de la déforestation à la rénovation énergétique des logements, en passant par l'électrification des véhicules (à condition qu'ils soient alimentés par une électricité bas carbone).

Sans oublier le déploiement de méthodes de captage et de stockage du carbone qui seront "inévitables" pour parvenir à la neutralité carbone au début des années 2050 et limiter le réchauffement à +1,5 °C.

Les plus riches pointés du doigt

Pour la première fois, les experts de l'ONU consacrent également un chapitre entier à la demande, estimant qu'agir sur ce levier pourrait réduire les émissions de 40 à 70 % d'ici à 2050.

"Disposer des politiques publiques, des infrastructures et de la technologie pour rendre possibles les changements dans nos modes de vie et nos comportements (...) offre un important potentiel (de réduction) inexploité", souligne Priyadarshi Shukla, un des coprésidents du groupe de travail ayant produit ce rapport de quelque 2 800 pages.

Alors que tous ces sujets touchent à l'organisation même de nos modes de vie, de consommation et de production, dans des pays aux ressources et aux niveaux de vie différents, l'approbation ligne par ligne, mot par mot, du "résumé pour les décideurs" a débordé de plus de 48 heures sur les deux semaines prévues.

Selon des sources internes des discussions, la question clé des flux financiers nécessaires aux pays en développement pour faire leur transition a été très disputée dans la dernière ligne droite de ce marathon en ligne et à huis clos.

>> À voir : "Vanessa Nakate : 'Les pays riches et responsables doivent payer pour la crise climatique'

Comme le souligne le rapport, "pour faire face à l'ampleur de ce défi, il faudrait que les flux de financement climatique soient multipliés par quatre à huit d'ici à 2030", a souligné lundi Madeleine Diouf Sarr, au nom du groupe des pays les moins avancés. "Sans compter le financement de l'adaptation et le financement des pertes et préjudices."

Des inégalités entre pays mais aussi entre riches et pauvres en général, avec les 10 % des ménages avec les plus hauts revenus dans le monde qui représentent entre 36 et 45 % des émissions, relève le Giec.

Avec AFP

Qu'est

Classement des pays les plus pollueurs La Chine avec 9,9 milliards de tonnes de CO2 émises en grande partie dues à l'exportation de biens de consommation et à sa forte dépendance au charbon ; Les États-Unis avec 4,5 milliards de tonnes de CO2 émises ; L'Inde avec 2,3 milliards de tonnes de CO2 émises.

Quels sont les émissions de gaz à effet de serre ?

Gaz à effet de serre naturels.
La vapeur d'eau (H2O) le plus important des gaz à effet de serre naturellement présents dans l'atmosphère. ... .
Le dioxyde de carbone (CO2) ... .
Le méthane (CH4) ... .
Le protoxyde d'azote ou "gaz hilarant" (N2O) ... .
L'ozone (O3).

Qu'est

À l'échelle mondiale, près de 80 % des émissions de GES de sources anthropiques proviennent de la combustion de combustibles fossiles et des procédés industriels.

Comment évoluent actuellement les émissions de gaz à effet de serre ?

Corrigées des variations climatiques, les émissions de gaz à effet de serre (CO2, CH4 et N2O) ont diminué de 4 % entre 2008 et 2016. Le transport routier constitue le seul secteur n'affichant pas une baisse de ses émissions, avec une hausse entre 2014 et 2016.