Quel pourrait être le lien entre la nourriture que nous mangeons et le changement climatique ?

La hausse du CO2 atmosphérique associée à la modification du climat (températures, précipitations…) pourrait réduire le contenu en nutriments (protéines, fer, zinc, notamment) de nombreuses cultures.

Pourquoi c’est important

Un des enjeux de la nutrition humaine est d’assurer à tous les habitants de la planète l’accès à une nourriture saine et suffisante. Même si la dénutrition a reculé dans le monde au cours des dernières décennies, la situation reste très préoccupante. D’après l’OMS, en 2014-2016, 11 % de personnes dans le monde étaient dénutries. Cette situation affecte particulièrement les enfants qui, souffrant de carences, présentent des retards de croissance et sont affaiblis face aux maladies. Dans le monde, chaque année, plus de deux millions d’enfants de moins de cinq ans meurent des conséquences de la dénutrition.

Lire : Les enfants, principales victimes du réchauffement climatique

L’amélioration des techniques agricoles devrait favoriser la qualité nutritionnelle de nos aliments à l’avenir. Mais, en parallèle, l’élévation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère a un impact sur les cultures. Ce gaz favorise la photosynthèse et la croissance de certaines plantes, augmentant donc les rendements, mais en même temps il réduit le contenu en micronutriments de certaines cultures. De plus, la hausse des températures et les événements climatiques extrêmes pourraient réduire le rendement des cultures, conduisant à une hausse des prix alimentaires. A quoi faut-il donc s’attendre dans les années à venir ?

Ce que montre l’étude

Une étude récente montre que, dans les 30 années à venir, le changement climatique et l’augmentation du CO2 atmosphérique pourraient réduire la disponibilité de nutriments essentiels à notre alimentation, à savoir les protéines, le fer et le zinc. Réalisée par une équipe internationale de chercheurs, elle paraît dans la revue Lancet Planetary Health. Actuellement, d’après les auteurs, 10 à 15 % de personnes sont à risque pour une insuffisance en fer, 17 % pour le zinc et 12 % pour les protéines.

En utilisant plusieurs modélisations et en s’appuyant sur les données concernant l’effet du CO2 sur les cultures, les chercheurs ont calculé, à l’horizon 2050, la disponibilité des protéines, du zinc et du fer per capita (par tête, c’est-à-dire par habitant). L’étude a trouvé que des aliments essentiels à la nutrition humaine comme le blé, le riz, le maïs, l’orge, les pommes de terre, le soja et les légumes devraient tous subir une baisse de 3 % de leur contenu en nutriments en 2050, à cause de l’élévation du CO2. Dans le blé, céréale particulièrement utilisée en Europe occidentale, les protéines, le fer et le zinc devraient voir leur disponibilité diminuer jusqu’à 12 % en 2050. Les projections après 2050 seraient encore plus alarmantes.

Lire aussi : Le réchauffement climatique réduirait la qualité nutritive des céréales

Les pays déjà affectés par des problèmes d’accessibilité aux nutriments pourraient être les plus touchés. Ainsi, dans le sud de l’Asie, le Moyen-Orient, le sud du Sahara en Afrique, l’Afrique du nord et l’ancienne Union soviétique, les réductions en nutriments seront particulièrement sévères. Ces régions comprennent des pays à revenu faible ou moyen. Comme le rappelle Robert Beach, le principal auteur de cette étude, « En général, les habitants des pays à revenu faible ou intermédiaire reçoivent une plus grande partie de leurs nutriments à partir de sources végétales, qui ont tendance à avoir une biodisponibilité inférieure à celles d'origine animale. » Ces régions comprennent aussi des pays à forte croissance démographique qui auraient besoin de plus en plus de ressources alimentaires à l’avenir.

Des personnes qui ont déjà des apports faibles en nutriments risquent d’être d’autant plus vulnérables au déficit en zinc, fer et protéines. Dans beaucoup de populations d’Asie du sud, les apports en fer sont insuffisants et la situation pourrait donc s’aggraver encore. Par exemple, l’Inde est le pays où la prévalence de l’anémie est la plus élevée au monde.

Timothy Sulser, chercheur à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), un des auteurs de l’article, explique : « Nous avons récemment beaucoup progressé dans la réduction de la dénutrition dans le monde, mais la croissance de la population mondiale au cours des 30 prochaines années nécessitera une augmentation de la production d'aliments fournissant suffisamment de nutriments. » Il ajoute : « Ces résultats suggèrent que le changement climatique pourrait ralentir les progrès en matière d'amélioration de la nutrition mondiale en rendant simplement les nutriments essentiels moins disponibles qu'ils ne le seraient sans lui ».

Pour en savoir plus, lire : Le guide de l'alimentation durable 

Mais notre alimentation a aussi des impacts sur l’environnement. Pour produire les aliments, les transformer, les transporter et les stocker, nous utilisons de l’eau, de l’énergie et nous générons parfois des pollutions.

Quel pourrait être le lien entre la nourriture que nous mangeons et le changement climatique ?
L’empreinte environnementale, du champ à l’assiette

Lire la transcription détaillée de l’infographie « Les impacts environnementaux des aliments sur la chaîne de production GES »

Des impacts sur le climat

L’alimentation participe à de nombreuses émissions de gaz à effet de serre. Une personne génère quasiment autant de Gaz à effet de serre (GES) pour se nourrir que pour se déplacer ou pour son habitat.

Quel pourrait être le lien entre la nourriture que nous mangeons et le changement climatique ?

Lire la transcription détaillée de l’infographie « Gaz à effet de serre générés par les ménages en France en 2012 »

Près de 70 % de ces GES sont émis lors de l’étape de production agricole des aliments, notamment par :

  • l’apport d’engrais dans les sols ;
  • la fermentation entérique, qui correspond aux émissions de gaz à effet de serre produites par les ruminants (vaches, moutons, chèvres…), qui émettent du méthane lors de leur digestion ;
  • la consommation d’énergie pour faire fonctionner les tracteurs, les serres chauffées, les bâtiments d’élevage.

Mais l’agriculture peut également aider à limiter le réchauffement de la planète en stockant une partie du carbone émis. Ainsi, les prairies, les haies ou les parcelles agro-forestières, lors de leur croissance, absorbent du gaz carbonique présent dans l’air et le stockent dans le tronc, les banches...

Quand ce bois sera brûlé ou que les branchages se décomposeront, le carbone stocké sera émis dans l’air. Il sera ensuite réabsorbé par de nouveaux végétaux en croissance. C’est ce qu’on appelle le cycle du carbone.

Des impacts sur l’air, le sol, l’eau et la biodiversité

La manière dont les champs sont cultivés, les vergers exploités et les animaux élevés a de nombreux impacts sur notre environnement.

Des impacts sur l’air

Les carburants, pesticides, engrais et déjections animales émettent des polluants naturels ou chimiques dans l’air comme des particules fines ou des poussières émises pendant les labours.

Pour en savoir plus, consultez :

  • l'infographie « Agriculuture et pollution de l'air : quel rapport ? » ;
  • le dossier « La pollution de l'air » ;
  • l’exposé sur la pollution de l’air.

Des impacts sur les sols

Pour nourrir les Français, nous exploitons 26 millions d’hectares (c’est mille 1 000 fois la forêt de Fontainebleau !). Ce chiffre comprend également les terres cultivées à l’étranger pour des aliments consommés en France et pour l’alimentation des animaux élevés en France.

L’agriculture intensive utilise des produits chimiques qui contribuent à la pollution des sols, et fait appel à des pratiques (labours profonds, suppression de haies, diminution de la diversité des cultures…) qui contribuent, de manière, à la dégradation de la qualité des sols.

Les sols sont une ressource naturelle non renouvelable qu’il est important de protéger.

Depuis quelques années, les pratiques agricoles changent pour mieux prendre en compte la préservation de l’environnement : de plus en plus de terres sont cultivées en agriculture biologique ou en agriculture raisonnée. Le mouvement est lancé !

Pour en savoir plus, consultez :

  • le dossier « Les sols, comment les protéger ? » ;
  • l’infographie « Sol et climat » (PDF - 1,86 Mo).

Une consommation d’énergie importante

Il faut de l’énergie pour faire fonctionner les engins agricoles, chauffer les serres et les bâtiments d’élevage. Mais aussi pour transformer les aliments dans des usines, les stocker et les transporter.

Plusieurs pistes d’amélioration existent :

  • réduire les distances de transport, en privilégiant les aliments produits sur l’exploitation (pour l’alimentation animale) ;
  • utiliser des transports alternatifs (comme les péniches ou le train) et en réduisant au maximum les voyages à vide ;
  • améliorer les processus de transformation pour économiser l’énergie et produire moins de déchets ;
  • de plus en plus de magasins installent des réfrigérateurs et congélateurs fermés qui conservent mieux le froid et sont donc nettement plus économes en énergie ;
  • utiliser davantage les énergies renouvelables.

En tant que consommateur, nous avons également un rôle important pour réduire les consommations d’énergie en amont :

  • en choisissant en priorité des produits locaux (moins de transport) et de saison (pour limiter l’usage de serre ou la production dans des pays lointains) ;
  • en consommant des produits moins transformés, qui ont nécessité beaucoup d’énergie pour être produits, emballés, transportés, conservés…

Des impacts sur la qualité de l’eau

En France comme dans le reste du monde, l’agriculture demeure une grande consommatrice d’eau. 60 % des nitrates présents dans les nappes phréatiques et les rivières sont d’origine agricole… Avec le phosphore, ils nuisent à la qualité des cours d’eau.

Pour en savoir plus, consultez :

  • l’infographie « Cycle de l’eau : attention aux fuites ! ».

Des impacts sur la biodiversité

La surexploitation des terres agricoles et des océans altère la biodiversité.

Dans le monde, 90 % des espèces de poissons sont exploitées au maximum ou surexploitées.

La consommation de produits de la mer issus de l’aquaculture a dépassé, au niveau mondial, celle de la pêche. Mais elle ne résout pas la question du stock disponible, car les poissons d’élevage sont partiellement nourris avec ceux de la pêche, or 90 % des espèces sont exploitées au maximum.

Mais tous les acteurs (agriculteurs, transporteurs, restaurateurs, etc.) s’engagent dans l’amélioration de leurs pratiques pour réduire leur impact sur l’environnement. L’agriculture cherche notamment à concilier une production efficace tout en optimisant l’exploitation des terres et en respectant l’usage et l’équilibre des écosystèmes. On parle alors d’agro-écologie.

L’agro-écologie permet un meilleur respect de l’environnement :

  • les apports d’engrais tiennent compte des besoins réels des plantes ;
  • une rotation des cultures (céréales et légumineuses) est mise en place pour limiter l’appauvrissement des sols. Les sols ont alors moins besoin d’engrais ;
  • les eaux usées d’élevage sont utilisées pour nourrir les sols ;
  • pour utiliser moins de pesticides, le désherbage est fait de façon mécanique et les cultures sont observées régulièrement pour éviter des traitements inutiles.

Encore trop de gaspillage alimentaire !

On parle de gaspillage alimentaire lorsque l’on jette de la nourriture encore comestible. Ce gaspillage peut avoir lieu à chaque étape de la vie d’un produit alimentaire, de la production à sa distribution, son stockage ou sa consommation.

Alors qu’on pense souvent ne pas gaspiller beaucoup, chaque Français jette pourtant 30 kg de nourriture par an à la maison et 20 kg pour les repas pris à l’extérieur. Cela fait beaucoup !

Un gaspillage important intervient aussi au moment de la production des aliments et de leur transformation.

Toutes les explications sur ce problème sont dans le dossier « Stop au gaspillage alimentaire ! »

Quel est le lien entre la nourriture que nous mangeons et le changement climatique ?

Le quart des émissions de gaz à effet de serre en France provient de nos assiettes. C'est autant que le transport ou le logement ! De la production des aliments jusqu'à leur consommation, notre modèle alimentaire contribue aussi au réchauffement de la planète. Consommations d'énergie, pollutions, gaspillages…

Comment les changements climatiques affectent la qualité de l'alimentation ?

La hausse du CO2 atmosphérique associée à la modification du climat (températures, précipitations…) pourrait réduire le contenu en nutriments (protéines, fer, zinc, notamment) de nombreuses cultures.

Comment les humains contribuent au changement climatique ?

L'effet de serre est déséquilibré par les activités humaines, en particulier l'utilisation des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Celles-ci provoquent artificiellement l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et, par conséquent, accentuent le réchauffement de notre planète.

Quel est le principal responsable du changement climatique ?

Le dioxyde de carbone est la cause principale des changements climatiques d'origine anthropique. Il est émis en grandes quantités puisqu'il provient de l'utilisation de combustibles fossiles. Sa très longue durée de vie lui permet de changer le système climatique durant son long séjour dans l'atmosphère.