Facteurs qui limitent lamélioration des modèles climatiques

Seuls instruments capables de nous projeter vers l’avenir du climat de notre planète, les modèles numériques sont au centre de la question du changement climatique. C’est en s’appuyant sur leurs simulations qu’à la fin des années 1980, des climatologues ont alerté le public et les politiques sur le risque de réchauffement global. Depuis lors, les différents modèles numériques de climat (il en existe aujourd’hui une vingtaine à travers le monde, dont deux en France) constituent la pièce maîtresse de l’expertise climatique et fournissent périodiquement, pour les volumineux rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), des projections de climats futurs sur la base de différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre.
Ces prévisions – ou plutôt les chiffres qui en constituent le résumé emblématique, c’est-à-dire la fourchette des hausses de la température moyenne à la surface du globe prévues pour la fin du xxie siècle – sont amplement diffusées par les médias. Ainsi, les modèles numériques de climat sont devenus des objets de controverse sur le changement climatique et sont soumis au feu des critiques, qui préfèrent souvent se porter sur les aspects scientifiques plutôt que sur les enjeux politiques du problème. Les modèles suscitent étonnement et méfiance. Peut-on prétendre calculer l’avenir, fût-ce au moyen de programmes énormes, tournant sur les ordinateurs les plus puissants ? Peut-on vraiment fonder des décisions économiques et politiques majeures sur les projections à long terme de modèles numériques …

Le changement climatique pose fondamentalement un problème de développement. Il menace d’exacerber la pauvreté et de nuire à la croissance économique. Mais, en fonction de leur modèle de croissance et des investissements consentis pour couvrir les besoins en énergie, en nourriture et en eau d’une population toujours plus nombreuse, les pays vont soit aggraver le changement climatique, accentuant les risques sur l’ensemble du globe, soit, à l’inverse, contribuer à y remédier.

Lors d’une conférence (a) prononcée le 18 mars dernier devant les étudiants de l’université de Georgetown, à Washington, le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a exposé cinq grands domaines où les politiques et les choix de croissance peuvent atténuer les facteurs du changement climatique.

« L’économie doit continuer de croître, c’est un point sur lequel on ne peut pas régresser », a affirmé Jim Yong Kim. « Mais il est impératif de dissocier croissance et émissions de carbone. »

Définir un prix pour le carbone

Si l’on veut que les émissions diminuent, il faut commencer par donner des signaux forts.

Les systèmes de tarification du carbone (a), tels que les mécanismes d’échange de droits qui plafonnent les émissions ou les taxes sur le carbone, envoient un signal de long terme aux entreprises, en les incitant à moins polluer et à investir dans des énergies plus propres et dans des solutions innovantes sobres en carbone.

Aujourd’hui, près de 40 pays et plus de 20 villes, États fédérés et provinces appliquent ou s’apprêtent à instaurer une tarification du carbone, et leur nombre ne cesse d’augmenter. Ainsi, en janvier, la Corée du Sud a mis en place son marché du carbone, le plus récent de tous. De son côté, la Chine, avec sept marchés pilotes du carbone dans plusieurs de ses villes et provinces, a vu reculer ses émissions l’année dernière et prévoit de lancer un système national d’échanges d’émissions dès 2016.

« La tarification du carbone est l’aspect le plus essentiel dans l’optique d’un accord à Paris. Elle libèrera les forces du marché », a expliqué Jim Yong Kim, interrogé sur la perspective de l’accord international sur le climat attendu en décembre 2015 dans la capitale française.

Éliminer les subventions aux combustibles fossiles

C’est un tout autre signal qu’envoient les subventions aux combustibles fossiles (a), puisqu’elles encouragent le gaspillage et découragent la transition vers une croissance décarbonée. En supprimant progressivement ces subventions aux effets néfastes, les pays pourront réorienter leurs dépenses sur les actions les plus nécessaires et les plus efficaces, notamment pour une aide ciblée aux pauvres.

Dans le monde, en 2013, les subventions directes aux combustibles fossiles, qui abaissent artificiellement les prix de l’énergie, se sont chiffrées à près de 550 milliards de dollars, absorbant une forte proportion du PIB de certains pays. Or, « on constate que les subventions aux combustibles fossiles ne permettent pas du tout de protéger les pauvres », a précisé Jim Yong Kim. De fait, des études (a) montrent que les 20 % les plus riches bénéficient six fois plus de ces subventions que les 20 % les plus pauvres.

Il n’est jamais facile de remettre en cause les subventions. Souvent, la population n’a pas conscience des coûts réels de l’énergie, et la suppression progressive des subventions doit s’accompagner parallèlement de l’introduction graduelle de dispositifs d’aide pour les pauvres. La Banque mondiale appuie la réforme des subventions aux combustibles fossiles grâce à un mécanisme de financement doté de 20 millions de dollars (a) et destiné à aider les pays à concevoir et à déployer cette réforme, ainsi que la protection sociale qui l’accompagne.

Construire des villes résilientes et sobres en carbone

Il faut donc, d’une part, faire payer le carbone à son juste prix, mais aussi, et c’est l’un des termes de l’équation à résoudre, bâtir un avenir durable, étant donné que l’ensemble du développement s’inscrit dans le contexte du changement climatique.

Durant les deux prochaines décennies, on construira davantage d’infrastructures que tout au long des six derniers siècles, a affirmé le président du Groupe de la Banque mondiale. L’expansion des villes est effrénée, surtout dans les pays en développement. Désormais, un peu plus de la moitié de la population mondiale est urbaine et, à l’horizon 2050, ce sera probablement les deux tiers.

En planifiant soigneusement les transports ainsi que l’utilisation de l’espace, et en instaurant des normes de maîtrise de l’énergie, les villes éviteront l’écueil d’une trajectoire de développement qui n’est pas viable. Tout en limitant la pollution atmosphérique et ses effets nocifs, l’enjeu est aussi de faire accéder les pauvres aux emplois et aux opportunités.

Mais ces choix de croissance durable requièrent des financements. Or, d’après les données disponibles, seulement 4 % des 500 plus grandes villes des pays en développement sont jugées solvables sur les marchés internationaux. C’est pourquoi le Groupe de la Banque mondiale aide les villes à améliorer leur planification stratégique et à renforcer une situation financière (a) qui les empêche aujourd’hui d’accéder aux financements.

Accroître l’efficacité énergétique et l’utilisation des énergies renouvelables

Quand on parle de l’énergie, il faut parler de l’accès à l’énergie. Au niveau planétaire, environ 1,2 milliard d’individus n’ont toujours accès à l’électricité et 2,8 milliards recourent à des combustibles fossiles pour la cuisine qui engendrent de graves problèmes de pollution intérieure (bois, charbon de bois, charbon, etc.).

Dans le cadre de l’initiative en faveur d’une « Énergie durable pour tous (a)», le Groupe de la Banque mondiale soutient la réalisation de trois objectifs pour 2030 : assurer un accès universel à des services énergétiques modernes, multiplier par deux le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique et doubler la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique.

Les gains d’efficacité énergétique sont cruciaux. Chaque gigawatt économisé est un gigawatt qui n’a pas dû être produit. Dans le monde, l’utilisation de l’énergie est aujourd’hui inférieure d’environ un tiers au niveau qu’elle aurait atteint en l’absence d’une meilleure maîtrise énergétique sur les vingt dernières années.

En outre, les énergies renouvelables deviennent de plus en plus abordables. Dans nombre de pays, leur développement à l’échelle industrielle revient à présent moins cher ou équivaut à celui des combustibles fossiles.

Pratiquer une agriculture climato-intelligente et préserver les forêts

Le cinquième domaine d’action porte à la fois sur les mesures d’atténuation et d’adaptation. Les techniques climato-intelligentes permettent aux agriculteurs d’accroître la productivité de leurs exploitations et leur résilience aux effets du changement climatique, tels que la sécheresse, tout en constituant des pièges à carbone qui réduisent les émissions nettes. Les forêts sont aussi de précieux puits de carbone, qui l’absorbent et le fixent dans le sol, les arbres et le feuillage.

Lutter contre le changement climatique dans toutes les activités du Groupe

Les efforts planétaires qui visent à réduire les émissions portent leurs fruits. La semaine dernière, l’économiste en chef de l’Agence internationale de l’énergie a annoncé que les émissions mondiales de dioxyde de carbone s’étaient stabilisées en 2014 (a), pour la première fois en quatre décennies, sans s’accompagner d’un ralentissement économique (l’économie a affiché une croissance de 3 %).

« Est-ce le début d’un découplage entre émissions de carbone et croissance ? Nous l’espérons vivement », a déclaré Jim Yong Kim.

Cependant, en dépit de tous ces efforts, des dérèglements climatiques sont inévitables, a prévenu le président du Groupe de la Banque mondiale. Ainsi, les scientifiques estiment que le volume des gaz à effet de serre (GES) émis va inéluctablement provoquer un réchauffement planétaire de quelque 1,5 degré Celsius dans les prochaines années, ce qui exige non seulement de limiter les émissions mais aussi de s’adapter.

Il faut pour cela intégrer le concept de résilience dans l’ensemble du développement et allouer davantage de moyens financiers à la préparation et à la prévention.

À cet égard, le Groupe de la Banque mondiale, qui est l’une des principales sources de financement, investit dans la prévention des risques de catastrophes, dans les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie et dans l’aménagement et le développement urbains, et procure aux autorités les outils et les données dont elles ont besoin pour prendre des décisions éclairées. Il assure un suivi de ses engagements financiers à l’aune des avantages climatiques retirés (sur le plan de l’atténuation et de l’adaptation), analyse le risque de catastrophe ainsi que le risque climatique et recourt à la comptabilisation des GES et à la tarification du carbone.

« Fondamentalement, notre souhait est de réussir à nous attaquer à ce problème dans absolument toutes nos activités », a affirmé Jim Yong Kim.

Quels sont les facteurs qui limitent l'amélioration des modèles climatiques ?

Les incertitudes liées aux modèles de prévision climatique sont principalement dues à la modélisation imparfaite des nuages, auxquelles s'ajoutent les incertitudes sur nos futurs modes de vie.

Quelles sont les difficultés pour établir un modèle climatique fiable ?

Une grande difficulté de la modélisation réside dans le développement des ces paramétrisations physiques. Une fois que le modèle est fabriqué, comment le valide-t-on ? Il est validé à plusieurs niveaux. On vérifie d'abord la capacité des modèles à reproduire les processus physiques élémentaires.

Quelles sont les limites du climat ?

changement climatique : la communauté scientifique internationale admet que, pour limiter l'ampleur du réchauffement climatique mondial à 2 °C d'ici 2100 (par rapport à 1990), la concentration atmosphérique en CO2 ne devrait pas dépasser une limite comprise entre 350 et 450 ppm (parties par million).

Quels sont les facteurs responsables du changement climatique ?

Le dioxyde de carbone est la cause principale des changements climatiques d'origine anthropique. Il est émis en grandes quantités puisqu'il provient de l'utilisation de combustibles fossiles. Sa très longue durée de vie lui permet de changer le système climatique durant son long séjour dans l'atmosphère.